Tous secteurs d’activité confondus, 2024 restera comme une année sombre pour les entrepreneurs français. Alors que l’économie nationale subit de plein fouet les turbulences conjoncturelles, plus de 60 000 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi, un niveau jamais atteint depuis 2015.
Une vague de défaillances sans précédent
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 67 830 entreprises ont fait faillite en 2024, soit une hausse de 17 % par rapport à l’année précédente. Parmi elles, près de 46 640 ont subi une liquidation judiciaire, supprimant d’un coup toute possibilité de rebond. Un phénomène qui touche principalement les TPE de moins de trois salariés, dont les dirigeants forment près des trois quarts des entrepreneurs en situation de perte d’emploi.
Les secteurs les plus impactés sont ceux fortement exposés aux tensions économiques et aux fluctuations du marché. En première ligne, la construction (+23,7 %), les agences immobilières (+34,7 %) et le transport/logistique (+29,3 %) ont été particulièrement frappés. Derrière ces chiffres, ce sont des milliers de chefs d’entreprise qui se retrouvent du jour au lendemain sans activité, sans revenu et souvent sans filet de sécurité.
Des entrepreneurs pris au piège d’un contexte économique incertain
Pourquoi un tel effondrement ? L’analyse de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, réalisé par l’association GSC et le cabinet Altares, met en évidence plusieurs facteurs.
D’une part, la crise post-Covid a laissé des traces profondes. Après des années de soutien massif via les aides d’État, les entreprises ont dû affronter un retour brutal à la réalité, avec une remontée des charges et une réduction des dispositifs d’accompagnement.
D’autre part, l’instabilité économique et politique de 2024 (entre l’absence de budget voté, les difficultés des finances publiques et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche) a renforcé l’incertitude des marchés.
Les dirigeants de TPE et PME, en première ligne face à ces turbulences, ont subi une pression accrue. Parmi eux, ceux à la tête d’entreprises de 6 à 9 salariés ont enregistré une explosion des pertes d’emploi (+30,2 % en un an).
Des disparités régionales marquées
Si l’ensemble du territoire est touché, certaines régions souffrent davantage. L’Île-de-France, la Normandie et les Pays de la Loire enregistrent les plus fortes hausses, dépassant les +25 %. À l’inverse, des territoires comme le Centre-Val de Loire et la Bourgogne-Franche-Comté semblent mieux résister, avec des progressions inférieures à 8 %.
Autre donnée préoccupante : l’âge des entrepreneurs impactés. La perte d’emploi des plus de 60 ans a bondi de 33,2 %, un chiffre alarmant dans un contexte où 21 % des seniors sont déjà confrontés au chômage.
Quelles solutions pour éviter l’hémorragie ?
Face à cette montée en flèche des défaillances, les experts appellent à une gestion plus proactive des risques.
L’association GSC dont le GMI est membre offre une bonne information des entrepreneurs sur les dispositifs de protection existants. L’association propose notamment un contrat d’assurance volontaire, conçu dès 1979 pour offrir aux chefs d’entreprise un minimum de couverture en cas de perte d’activité.
2025 : vers un avenir plus stable ?
Si la tendance reste préoccupante, quelques signaux encourageants apparaissent en fin d’année 2024. Certaines jeunes entreprises de moins de trois ans font preuve d’une meilleure résilience, avec une hausse des défaillances limitée à +5,5 %.
L’année à venir sera déterminante pour l’économie française. Les entrepreneurs devront s’adapter, innover et surtout se protéger pour éviter de voir leur activité disparaître brutalement. Mais une chose est sûre : après une année 2024 marquée par un record de 256 000 emplois menacés, l’urgence d’une politique de soutien aux dirigeants n’a jamais été aussi forte.