Camila Amaya-Castro, fondatrice et directrice générale de la marque ROCSTAR
Camila Amaya-Castro est fondatrice, directrice générale de la marque ROCSTAR. Sa société se distingue sur le secteur de l’impression par une vision avant-gardiste sur l’écosystème de l’impression et l’usage du papier. Découverte innovation. Décryptage.
Vous avez fondé la marque ROC STAR, en 2018, quel a été le déclic ?
Je fonde la marque ROCSTAR sur une innovation très peu connue en France et dans le monde : le papier minéral. Une innovation majeure dans le secteur de l’impression et de l’édition qui nait à Taïwan, dans les années 2000, après de nombreux tests et brevets, avant la commercialisation de cette solution.
Le déclic, c’est l’innovation : la matière première de ce papier est constituée de poudres et de morceaux de pierres issues de carrières. D’un point de vue environnemental, le constat de l’impact très maîtrisé de la consommation en énergie et en solvants.
Je suis d’origine Colombienne, j’ai grandi aux Pays-Bas, mon regard et mon appétit de connaissances sont tournés et stimulés par l’innovation. En veille continue, mon approche est un savant mélange d’ingénieur et de designer. Celui qui crée, innove, en pensant l’amélioration par l’innovation et en imaginant leur impact sur notre environnement. On appelle cela l’innovation systémique. Je recherche plusieurs impacts à la fois.
On parle aussi de « Design Thinking ».
De formation Master « ingénieur-mécanique », j’aime mixer les études de faisabilité et les résultats concrets en y associant le sens de la démarche. C’est ainsi que j’ai collaboré au sein de groupes au déploiement économique international, Heineken et Nestlé, pour innover au cœur des processus de production en usines et aussi au sein des départements Marketing, pour la définition de nouveaux produits. Pour débuter une carrière, c’est formidable de se confronter à des problématiques de marchés qui mixent les attentes marketing de panels importants de consommateurs et de disposer de sérieux moyens R&D. Et pourtant, je retiens de ces expériences formidables de la lenteur des processus de décision.
J’ai complété ce Master et ces premières expériences par un MBA exécutif à HEC.
A travers ma société, j’apprécie la rencontre et le développement de projets avec des décideurs d’entreprises de taille moyenne. Le contact est direct, les décisions sont prises plus rapidement, souvent on met en place des initiatives sous une période d’un mois. La relation est à échelle plus « humaine ». Une telle structure est davantage résiliente : les opportunités de collaboration peuvent naitre spontanément et déboucher sur de réels projets.
Comment voyez-vous les collaborations dans le secteur de l’édition et de l’impression ?
Comme dans tous les secteurs d’activités, soit on ouvre, soit on ferme !
La marque ROCSTAR travaille avec l’écosystème des imprimeurs, des éditeurs, des graphistes pour apporter autre chose : développer une nouvelle vision, une nouvelle alternative sue le secteur du papier qui est très gourmand en énergie, en arbre et en traitements chimiques.
A l’aide de cette innovation, nos nous battons contre la création et la production de denrées à tout pris qui inclut même les produits premium et les papiers de création. La démarche de ROCSTAR vise à créer davantage de valeur ajoutée à chaque maillon du processus.
Ma vision et ma mission visent à dépasser cet état des lieux en proposant une solution qui s’affranchit des fibres. Je propose de nous intéresser très sérieusement à une RUPTURE TECHNOLOGIQUE.
Cette rupture propose des solutions produits de plus grande valeur et aussi, ainsi, d’augmenter notre marge.
L’usine familiale avec laquelle je collabore en Asie développe depuis une quinzaine d’années d’un point de vue industriel, le papier minéral. Ce projet audacieux et visionnaire s’inscrit pleinement dans le cercle vertueux de l’économie circulaire avec un supplément d’âme :
« ROCSTAR more than paper » est bien davantage qu’un papier minéral !
Son toucher est sensuel, il rappelle celui de la peau humaine, une expérience très luxueuse et singulière. Il n’est pas fragile, il résiste aux déchirures et à l’humidité, son usage est illimité !
Pouvez-vous nous en dire plus sur les qualités du papier minéral ?
Le papier minéral est produit à partir de poudres et de morceaux de pierres issues de l’exploitation de carrières, en Asie. C’est un recyclage de déchets. Ce qui est positif et important dans cette démarche c’est qu’elle ne repose pas sur la déforestation : elle n’emploie pas les branches et les fibres des arbres, étape si coûteuse en solvants et en eau. Elle n’emploie pas d’eau, ni d’acide ou de chloride. Le besoin en énergie est très réduit, l’impact est 85% inférieur en comparaison à la production des papiers traditionnels, 67% inférieur aux papiers issus du recyclage !
La société qui a breveté cette solution est certifiée par la plus exigeante des distinctions dans le domaine de l’économie circulaire et de valorisation de l’ensemble des ressources : le cradle to cradle – certification Monde.
Elle est aussi conforme aux directives européennes RoHS et REACH. Elle reçoit la distinction « reddot award 2016 ».
Le papier minéral présente de nombreux atouts : résistant à l’eau, économique, doux au toucher, ne coupe pas, dégradable sous l’effet de rayons lumineux, résistant, anti mites, adapté à une longue utilisation, disponible en feuilles de format 102 x 71 cm dans de nombreuses épaisseurs – de 100 microns à 400 microns – , compatible avec l’impression offset et certaines machines à impression numérique disponibles sur le marché de l’impression.
Le papier minéral est fabriqué SANS : eau, arbre, blanchisseur, acide, halogène.
Quels sont les enjeux de ce changement de paradigme de sourcing ?
Du point de vue des coûts, le papier minéral est comparable à un papier standard verni d’un film de type « Soft Touch ». La sensation au toucher est comparable, en revanche la solution papier minéral est plus résistante à l’humidité, aux déchirures, à l’usure en général.
Le support ainsi édité circule beaucoup plus. Les besoins en édition sont parfois différents certes, mais le sens de la démarche gagne en valeur et en vertu.
Le travail en qualité d’imprimeur, d’éditeur, de graphiste, gagne en valeur et en qualité.
Nous accompagnons pleinement les clients dans la compréhension du RSE et de l’économie circulaire, en offrant, en réponse, la qualité d’une offre globale : une solution à la fois singulière et luxueuse, disposant des nombreuses certifications valorisantes obtenues par son fabricant et la solution créée. Nous devenons prescripteurs de solutions qui sont aujourd’hui attendues par les responsables des achats, du marketing innovation et du RSE des groupes internationaux.
L’objectif est de créer ensemble cette nouvelle réponse sur le marché français et de prendre de l’avance sur les imprimeurs délocalisés et à bas coûts, qui ne proposent pas cette offre de papier et qui comprennent peu l’éco responsabilité.
Dans les cahiers des charges émis par les chefs de fabrication des grands groupes et des entreprises de taille moyenne, il est question de calculer l’empreinte carbone de chaque activité de l’entreprise, et de maîtriser les ODD mais aussi les SBT (Science Based Target).
Les chefs d’entreprises des P.M.E et P.M.I n’ont pas tous la disponibilité pour veiller à cette nouvelle dimension économique et environnementale. Il leur est difficile de calculer l’empreinte carbone d’un projet global, requête devenue monnaie courante par les acheteurs.
Mes compétences et ma passion pour l’innovation m’ont conduite à me spécialiser dans la co-création et l’intelligence collective, en observant les publications des chercheurs et des graphistes, mais aussi en écoutant les interrogations des décideurs des maisons de luxe. Ce témoignage vous invite à poser un nouveau regard sur ce monde en mutation en termes de sourcing et d’usages. Mais surtout, il vise à qualifier pleinement nos compétences – conseils et accompagnement – de nos clients vers davantage de transparence et de différenciation.
Ensemble, prenons une longueur d’avance.